Des Cévennes au Burkina Faso

Regards croisés lors d'un voyage au Burkina entrepris par un agronome retraité qui a vécu 30 années en Afrique et un jeune homme des Cévennes.

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Nom :
Lieu : LANSARGUES et St. MARTIN DE BOUBAUX, Hérault et Lozère, France

Voyageurs curieux d'autres pays et d'autres hommes, voyageurs rêveurs en attente d'émotions, voyageurs disponibles prêts à suivre toutes les pistes.

mardi 24 novembre 2009

De Tambacounda a Bamako


Jeudi 19 novembre


Nous Sommes à Kayes au Mali depuis 17 h. En allant prendre une bière fraîche à l’hôtel du rail nous avons rencontré une femme, française, assez bavarde qui nous a abordé en voyant notre plaque d’immatriculation nous demandant d’ou nous venions, ou nous allions et nous a aussitôt abreuvé de recommandations, des lieux touristiques que nous devions voir au Mali, des précautions sanitaires que nous devions prendre, des difficultés de vies des gens de la région, de la gentillesse de leur accueil etc.…; etc.…. Je l’ai laissé suffisamment parlé pour qu’elle se sente un peu ridicule et lui ai coupé la parole en lui disant que j’avais vécu 30 ans en Afrique et que je connaissais bien le mali (ce qui n’est pas exact, mais je le connais aussi bien qu’elle apparemment) Du coup elle s’est arrêtée, ce qui m’a permis de lui demander si avec son excellente connaissance du Mali elle connaissait, à Kayes,un lieu propre et peu cher pour passer la nuit. C’est ainsi que nous avons atterri au « relais du Centenaire », un centre d’hébergement des missions. Nous avons une chambre a deux lits avec ventilateur, dans un long bâtiment à l’ombre des Neems. Cela correspond tout à fait à ce que je souhaitais. Nous y resterons jusqu’à samedi pour pouvoir visiter un peu la région qui semble très belle. On aurait aimé y rester plus longtemps mais le centre est réservé à partir de samedi par un groupe qui vient de Bamako et il nous faudra quitter les lieux.

La route goudronnée depuis Tambacounda est presque excellente, à part quelques petites déviations avant Kidira et Kayes, pour refaire les portions de goudron défoncées par les pluies.

Tout le long du trajet la brousse est très belle car pratiquement pas déforestée, cela commence à se gâter sérieusement une dizaine de Km avant Kayes où nous avons croisé quantité de charrettes asines chargées de bois.

Les formalités à la frontière se sont passées parfaitement bien, avec beaucoup de courtoisie et assez rapidement ; en une heure tout était réglé.






Un magnifique pied d’éléphant sur la route entre Tamba et Kidira




On double le train qui avance à 40 Km/h




Dés que l’on rentre au mali, le paysage change avec beaucoup de Baobabs dans une brousse plus ouverte


Vendredi 20 novembre

Nous avons profité de notre journée pour visiter le site des chutes du Felou, nom du fleuve Sénégal au Mali et par la même occasion vérifier l’état de la route de Bafoulabé car celle ci longe le fleuve.

Les chutes sont magnifiques et très larges car le Felou, bute sur une colline de grès qui ferme son cours et se déverse par dessus une barre rocheuse dans une gorge en contrebas. Pour y aller la route qui figure comme goudronnée sur la carte Michelin est en fait une piste tout à fait correcte, mais une fois les chutes passées elle devient extrêmement mauvaise, soit très sableuse avec de profondes ornières, soit très caillouteuse et ravinée avec des ponts posés sur des cours d’eau avec une marche pour y accéder. Nous avons décidé de poursuivre jusqu’au prochain village marqué sur la carte, 40 Km plus loin. Il nous a fallu 2 h pour les faire mais nous y sommes arrivé sans problème. Et à partir de ce village la route devient goudronnée, plus ou moins bonne, jusqu’à Bafoulabé. De là on peut, d’après les renseignements pris sur place, rejoindre Kita et Bamako. Donc demain, nous prendrons cette route et nous comptons mettre 3 jours pour arriver sans se presser à Bamako que nous devrions donc atteindre Lundi soir. 3 jours de brousse, sûrement plus intéressante que celle proposée par la route goudronnée officielle, d’autant plus qu’elle passe dans des massifs montagneux dont nous avons aperçu les prémices et qui semblent magnifiques, longe le fleuve jusqu’à Bafoulabé et d’autres chutes intéressantes.




Les chutes du Felou




Un aperçu de la route de Bafoulabé

Kayes est une ville très étendue le long de la rive gauche du fleuve et grâce au pont qui l’enjambe et remplace l’ancienne digue submersible, elle s’étend maintenant sur la rive droite. On y trouve de vieux bâtiments datant de l’époque coloniale, notamment le long du fleuve et autour de la gare avec, entre autre, le célèbre Hôtel du Rail qui a été entièrement rénové. C’est une ville ou il y a beaucoup de circulation et d’échanges commerciaux à cause de l’arrivée très nombreuse des camions en provenance du Sénégal, c’est aussi une ville extrêmement poussiéreuse et depuis hier cette poussière me fait mal à la gorge. C’est donc avec un certain soulagement que nous quitterons cette ville qui mérite cependant la visite, mais il se peut que cela pareil dans tous le pays.



La gare de Kayes





L’hôtel du rail à Kayes, face à la gare.






Lundi 23 novembre

Nous sommes arrivé à Kita ! Mais le trajet fut long et difficile et il a bien failli s’arrêter définitivement à 60 Km de Kayes sur une piste très mauvaise avec beaucoup de cailloux sur l’un desquels j’ai fracturé le carter du moteur. Je ne m’en suis pas aperçu aussitôt, car le choc ne m’a pas paru plus fort qu’un autre, mais arrivé à Diamou, où nous nous sommes arrêté pour prendre une boisson fraîche, alors que nous sortions de la voiture le commerçant m’a interpellé en me disant « il y a de l’huile qui coule sous la voiture », je me penche, regarde, effectivement l’huile coulait… !!! le voyage s’arrêtait là. Nous avons quand même pris une boisson fraîche après avoir mis une demie bouteille d’eau vide sous le carter pour récupérer l’huile, puis nous avons mangé de deux œufs dur et de pain en se disant « rien ne sert de s’affoler ,on verra après ». Le commerçant qui nous hébergeait sur le devant de sa boutique nous a dit « ici nous avons un très bons mécanicien qui travaille à la mine de fer, il va vous réparer cela sans problème, il sait faire, je vais l’appeler ». Effectivement dix minutes plus tard il nous dit : « Il débauche à trois heures et sera là aussitôt ». A trois heures 30 un jeune homme en moto nous apostrophe : « C’est vous dont la voiture est en panne de carter, c’est un carter en aluminium ? oui répondis je. Pas de problème, je vous le démonte et je vais le ressouder, tout cela sera fait avant la nuit ». Aussitôt dit aussitôt à la tache mais impossible de démonter le carter car il est fixé avec des boulons tout à fait spéciaux et il est nécessaire d’avoir la clé adapté pour les enlever. J’avais dans ma caisse à outil une pâte bi-composants métallique qui aurait pu servir à reboucher la partie endommagée mais elle était devenue toute dure et impossible de s’en servir. Je la montre au mécanicien et Euréka ! « j’ai la même a l’atelier et avec cela on arrivera à réparer » Il prend sa moto et revint une demie heure après avec la précieuse pâte. On nettoie bien le carter à l’essence, on laisse sécher, il fait son mélange et l’applique avec soin. Après une demie heure de séchage, on trouve 5 litres d’huile, on la met dans le moteur et on démarre. Merveille tout fonctionne comme il faut et aucune fuite d’huile. On roule depuis 3 jours comme cela et toujours aucune fuite. Pour fêter cette réparation miraculeuse et remercier toutes les personnes qui se sont impliquées dans sa mise en œuvre, je propose de faire, le soir, une séance de cinéma sur le mur du commerçant, tout le monde applaudit et on décide de passer « Rabi Jacob ». Entre temps nous avons profité du temps qui nous restait pour faire laver la voiture couverte e poussière dans un petit cours d’eau proche. Lavage extrêmement efficace car le laveur recruté a tout sorti de la voiture et l’a lavée à grands coups de seaux d’eau aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, puis a tout savonné et tout rincé de la même façon. Le poste de radio et les hauts parleurs ont été traité comme le reste si bien qu’à la remise en route, les clignotants fonctionnaient en position d’arrêt, le poste de radio faisait des gargouillis et le lecteur refuse depuis à prendre les disques, ou s’il les prends il ne veut plus les rendre sans pour autant vouloir les lire.

A 8 h 30 on installe tout et on rajoute au groupe électrogène un régulateur de tension que nous avions acheté à Tambacounda, pour éviter l’incident de notre première séance. Tout a fonctionné à merveille, une projection grand écran, comme à la Jasse, avec une centaine de spectateurs qui riaient à cœur joie, une réussite totale ! Fred et moi étaient vraiment heureux ce cette merveilleuse soirée et c’est le cœur léger que nous avons installé nos lits sur la place devant la boutique d’un commerçant. La nuit fut très fraîche et je ne dormis pas beaucoup à cause des gens qui parlent sans arrêt, des ânes qui braient à qui mieux mieux et du muezzin qui fait l’appel à la prière, mais je garderai un souvenir inoubliable de cette journée.





Tout le monde participe à la réparation du carter




Lavage de la voiture à grande eau




Vue du pont sur le Bafing



Le lendemain matin après des au revoir chaleureux, nous avons repris notre route sur Bafoulabé en roulant avec d’infinies précautions. Il y avait pas mal de trous et de bosse, mais la route était bien meilleure que la veille. Un paysage magnifique de grandes falaises et de gigantesques tables gréseuses dressées dans la brousse nous ravissait et nous pensions que dans un tel décor rouler à 15 Km/h était un vrai bon,heur. Au bout de trois heures de route et après avoir franchi le Bafing sur un très long pont étroit, alors que nous étions arrêté pour faire quelques photographies, 2 land cruiser Toyota hyper équipée se sont arrêtées. Elles étaient immatriculées 33. On a ait la causette et bien entendu demandé l’état de la route. Epouvantable nous répondit le chauffeur du premier véhicule, appuyé en ce sens par sa compagne. « Et croyez mon expérience, j’ai vécu 30 ans au Gabon, je circule souvent en Afrique sur ce tronçon je viens d’éclater 3 pneus, il n’y a pas de route, il faut serpenter entre les arbres, les souches et le racines sur des chemins piétonniers sans jamais savoir ou on se trouve, et puis si vous arrivez à Bafoulabé, vous ne pourrez pas passer sur le pont, car on roule sur le pont de chemin de fer et les rails sont trop hauts pour votre voiture, le mieux que vous ayez à faire c’est de retourner par Kayes » Nous les remercions de leurs conseils et une fois parti nous nous concertâmes. On attaquait une partie de route en construction et à 30 km devant nous il devait y avoir la base du chantier ou nous demanderions conseil. Si d’après eux la route était impraticable nous ferions demie tour. Une heure après nous avons croisé une équipe de géomètre qui faisait le relevé de la route. On s’arrête, ce sont de Mauritaniens très gentils qui nous disent que la route est tout à fait praticable, pourvu qu’on conduise doucement et qu’effectivement nous ne pourrions pas passer sur le pont mais qu’il suffisait de demander au bac de nous traverser sur la rive en face et non à Bafoulabé pour éviter cet écueil. C’est donc ce que nous fîmes. Effectivement la route est étroite, juste la largeur de la voiture et qu’elle serpente pendant une dizaine de Km entre les arbres d’une foret typiquement soudanienne, mais elle ne présente aucune difficulté particulière. La seule difficulté à été de grimper le long raidillon extrêmement pentu à la sortie d’un gué car il a fallu nous y reprendre à deux fois en prenant le maximum d’élan. Il faut dire que j’ai été très surpris de la facilité avec laquelle notre vaillante Kangoo a franchi cet obstacle, je ne pensais pas qu’elle y arriverait et qu’il faudrait utiliser le treuil. Quant au Bac, il nous a déposé sur la rive demandée ainsi qu’une autre voiture et celle ci nous a guidée a travers la brousse pour retrouver la grande piste de Manantali.




Paysages entre Diamou et Bafoulabé




Arrêt repas sur la charmante route soit disant impossible




Le Bac à Bafoulabé



Sur la piste de Manantali qui longe le Bafing, à 17h après 8 h de route et 130 Km nous avons trouvé un petit chemin qui mène au fleuve, à un endroit ou il y a de petits rapides, une merveille ! Nous y avons établi notre campement, pris un bon bain dans les rapides, lavé du linge gorgé de poussière, préparé 2 kg d’oignons confits avec du citron que nous avons dégusté avec une soupe chinoise et dormi très fraîchement bercés par le bruit des rapides et le chant des grillons.




Coucher de soleil sur les rapides du Bafing





Campement





Lever du jour sur les rapides



Aujourd’hui nous avons vu l’énorme ouvrage du barrage de Manantali sur le Bafing qui approvisionne Kayes et Bamako en électricité et ce soir nous sommes à Kita sur un magnifique goudron à 185 Km de Bamako que nous atteindrons demain en début d’après midi.







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